The Gentlemen : critique de l'arnaque, crime et bijoux de famille de Netflix (2024)

Séries

Par Ange Beuque

14 mars 2024

MAJ : 2 avril 2024

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Après Fargo, Mr. & Mrs. Smith etSexy Beast, The Gentlemen (disponible surNetflix) prolonge la tendance des films adaptés en série. En développant son propre long-métrage sorti en 2020,Guy Ritchie tente de renouer avec les histoires de gangsters british qui avaient mis sa carrière sur orbite (Snatch, Arnaques, crimes et botanique).Theo James,Kaya Scodelario,Daniel Ings etGiancarlo Esposito prennent la relève de Matthew McConaughey et Hugh Grant dans le luxe et la bonne humeur. Mission: tirer leur épingle d’un jeu de margoulins et trafiquants divers sur fond de patrimoine inattendu. Alors, ce Ritchie nouveau hérite-t-il de l’univers délirant de Snatch, ou des errances gênantes type Revolver?

The Gentlemen : critique de l'arnaque, crime et bijoux de famille de Netflix (4)

Du Guy Ritchie pure souche

Après être passé du film de gangsters jouissif (Snatch, Arnaques, crimes et botanique) au blockbuster plus ou moins douteux (Le Roi Arthur : La légende d’Excalibur, Aladdin), Guy Ritchie tente ces dernières années de renouer avec ses premières amours. The Gentlemen est son bébé : avant de créer la série, il a écrit et réalisé le film sorti en 2020, qui était déjà symptomatique de son envie de retour aux sources.

Comme Fargo avant lui, il fait le choix d’en reprendre l’univers plutôt que les personnages. Les aficionados du réalisateur s’y retrouveront en terrain conquis, entre truands, gitans, boxeurs, campagne britannique et accès de violence abrupts. En confrontant un soldat de valeur au crime organisé sous le vernis de la haute société, il s’octroie un excellent point de départ pour multiplier les situations de crise.

Rivaux, créanciers, ennemis de son imbécile de frère (hilarant Daniel Ings), tout le monde veut sa part du space cake. Le héros s’attelle à la gestion du domaine et son trafic de cannabis clandestin avec la délicatesse d’un chien dans un jeu de quilles en porcelaine. Embrouilles en escadrille et résolutions plus ou moins bourrines (souvent plus) s’enchaînent sans répit, au prix de quelques grossières facilités.

Quand tu t’apprêtes à partir au casse-cigare

The Gentlemen souhaite tellement renouer avec sa glorieuse ascendance qu’il s’expose au risque de passer pour une pâle copie. La note d’intention est si limpide qu’elle annihile tout effet de surprise. Et si l’on peut être amusé par le défilé de protagonistes hauts en couleur, on peut également soupirer face au souvenir nostalgique des doux azimutés de Snatch.

Le Guy Ritchie rafraîchissant semble alors bien loin, piégé par sa propre formule. On peut d’ailleurs soupçonner, derrière cette histoire d’héritage, une réflexion quasi méta autour des attentes qui pèsent sur lui depuis son éclosion à la fin des années 90 – et qu’il a parfois peiné à assumer. Car même dans ses périodes d’égarement, le réalisateur a pu continuer à enchaîner les projets, quitte à capitaliser davantage sur son nom que sur ses qualités.

Ce Gus est un habitué des trafics de drogue

Arnaques, beuh et testicule

Si vous vous êtes laissés aguicher par la poule géante éructant fusil à la main sur l’affiche, c’est normal: c’est lorsqu’elle se vautre franchement dans l’absurde que The Gentlemen se montre la plus convaincante. Guy Ritchie mélange violence frénétique et bouffonnerie comme à ses meilleures heures, à l’image de ce collectionneur très porté sur l’anatomie du Führer.

Hélas, en débarquant sur Netflix, Ritchie en a adopté une partie des tares. La direction artistique prend par moment des allures de clip publicitaire pour les grosses bagnoles et les intérieurs cossus. Le principal handicap de la série reste toutefois sa longueur excessive, qui en amoindrit l’impact alors que son concept appelait une forme de brutalité. On regrette que les séquences qui sortent du lot, dopées par les tics de réalisation habituels de Ritchie (montage alterné rapide, rupture de la continuité temporelle), demeurent trop éparses.

Voilà pourquoi les tireurs à carabine hurlent «Poule»

Ce défaut est d’autant plus pénalisant que les arcs des personnages sont pour le moins rudimentaires. Du Pierre Bézoukhov de Guerre et Paix à Largo Winch, en passant par Princesse malgré elle ou The Bear, un héritage imprévu offre l’opportunité d‘évoluer progressivement au contact de ces nouvelles responsabilités. Ici, notre héros passe de Casque bleu à baron du crime avec autant de conflits intérieurs qu’un élu de Levallois-Perret.

Son contrepoint (impassible Kaya Scodelario) s’en tire un peu mieux: dans la dernière ligne droite, les péripéties ébranlent sa position et lui confèrent un soupçon d’épaisseur supplémentaire. Si le casting parvient à soutirer notre sympathie en dépit de rôles franchement monolithiques, il ne suffit pas à enrayer le sentiment d’une mécanique bruyante qui tourne parfois à vide.

The Gentlemen est disponible sur Netflix depuis le 7 mars.

Rédacteurs :

Ange Beuque

Résumé

Distrayante lorsqu'elle ouvre en grand les vannes de l'absurde, la série The Gentlemen aurait gagné à délaisser ses acquis de classe pour s'encanailler sans réserve. Dommage que la promesse d'un rythme endiablé se soit enfuie avec l'héritage.

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Jojo

il y a 2 mois

Un très bon spin-off du film de Guy Ritchie, pour l’instant la série la plus cool de l’année !

Répondre

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Louis II de Bavière

il y a 2 mois

Pas du tout réceptif, j’ai vu les deux premiers épisodes avec une consternation grandissante. Je ne continuerai pas.

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Miriam

il y a 3 mois

Dejanté, un pur plaisir .

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Dje91

il y a 3 mois

Peut être que je suis trop fan,et ne vois pas avec l’oeil plus objectif,mais j’ai tellement adoré snatch,crime et botanique,son dernier film the gentlemen forcement j’ai adoré cette nouvelle série pleine de rebondissem*nts,un brin de violence,du Guy dans sa splendeur

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Benasi

il y a 3 mois

C’était très bien. Ca démarre vite, les situations s’enchainent, les péripéties également. On a pas le temps de s’ennuyer.

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